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24 mars 2015 2 24 /03 /mars /2015 08:33

 

Texte : Marie BERSEILLE

Photographies : Pierre MOULINÉ et André ROSAT.    

 

 

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38 personnes ont bravé le mauvais temps pour participer à cette sortie marquée par la pluie qui nous accompagnés tout au long de la journée.


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C'est donc parapluie à la main que nous avons rejoint la plus grande cave du monde, la Cave BYRRH à Thuir, où nous attendait notre guide, Romain.

( Avant toute chose, il faut souligner

que cette visite est parfaitement adaptée aux personnes en fauteuil ...)

 

 

Nous pénétrons dans l'ANNEXE Gustave VIOLET à travers un foudre de chêne qui a servi au stockage de vin blanc dont des dépôts persistent encore sur les parois.


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Nous sommes accueillis par le CHEVALIER PRINTEMPS, imaginé en 1935 par Georges LÉONNEC pour représenter la marque BYRRH.

 

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Le parcours va nous promener entre les 70 cuves de chêne de 2000 hectolitres chacune pour arriver à la plus grande cuve du monde.

 

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Même les plus jeunes sont captivés par les explications du guide...


Nous débutons la visite, installés dans une cuve en béton, en regardant un petit FILM qui retrace l'HISTOIRE de la FAMILLE VIOLET :

 

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En 1866, les frères Simon et Pallade VIOLET de Corsavy décident de mettre un terme à leur vie de marchands itinérants et s'installent à Thuir. 


C'est dans l'arrière boutique, pendant que Pallade continue à vendre draps et tissus dans la petite mercerie, que Simon va élaborer la fameuse boisson, à partir de mélanges de crus du Roussillon ( et plus tard de vins importés d'Espagne, de Malaga ) qu'il va aromatiser en y ajoutant des plantes et du quinquina, connu à l'époque pour ses propriétés tonifiantes et reconstituantes.


La boisson, commercialisée sous le nom de " Vin tonique et hygiénique au quinquina " va connaître un tel succès que l'ordre des Pharmaciens de Montpellier va intenter un procès aux deux frères pour utilisation abusive de la mention "quinquina".


Sommés par leur avocat, ils vont créer leur propre marque et BYRRH serait né, selon la petite histoire, de l'ajustement, dû au hasard, de lettres désignant des coupons d'étoffes entreposés dans la mercerie. La consonnance "bi" ( vin en catalan ) a certainement plu...

La marque BYRRH sera donc déposée en 1873 au greffe du tribunal de commerce de Perpignan.


À partir de 1876 l'activité ne sera plus basée que sur le commerce des vins et l'entreprise va tellement prospérer qu'il va falloir construire de nouveaux chais.

Peu à peu, la maison Violet va s'établir dans le monde entier.

 

Simon a une véritable politique sociale et ses employés travailleront dans des conditions très satisfaisantes pour l'époque. À partir de 1889, ils bénéficieront même de 10 jours de congés payés par an, bien avant le Front Populaire.

Simon va aussi faire construire l'hôpital de Thuir.


Après le décés de Simon, Lambert, son fils, va continuer les travaux d'agrandissement et l'usine sera reliée au réseau ferroviaire.

De nombreuses succursales vont être crées en France.

À cette époque, l'entreprise faisait travailler 750 personnes.


Lambert va aussi poursuivre la politique sociale de son père et ses employés vont bénéficier de soins médicaux gratuits et d'une retraite.

Il va aussi accorder un prêt sans intérêt à la ville de Thuir pour la construction du stade.

 

Au décés de Lambert c'est Marie, son épouse qui dirige l'entreprise et enfin ses 2 enfants qui vont continuer l'agrandissement de la cave qui va alors devenir la plus grande cave du monde.

 

Mais la demande commence à diminuer.


En 1961, les enfants VIOLET cèdent la société à la Compagnie Dubonnet Cinzano ( CDC ).


En 1976, l'entreprise rentre dans le groupe Pernod-Ricard, numéro 1 des spiritueux en Europe. 

 

 

Nous allons ensuite admirer les AFFICHES ORIGINALES réalisées pour un concours lancé en 1903 sur le thème "BYRRH, tonique, hygiénique, à base de vin généreux et de quinquina ", concours auquel plus de 1 900 artistes ont participé.


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L'affiche gagnante : "Suzanne " par Juan Cardona.

 

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Avant de rejoindre l'allée des peupliers, nous traversons le GRENIER aux OUTILS où sont exposés des objets liés à la production du vin.

 

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Tout au long de l'ALLÉE des PEUPLIERS, des photographies retracent l'histoire et la vie de ce lieu jusqu'à son apogée, dans les années 30.

 

 

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...

 

Nous passons devant devant ce qui reste de l'ancienne cheminée ( elle a perdu plus de 10 mètres ) non utilisée de nos jours :


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puis nous pénétrons ensuite dans l'ANNEXE Lambert VIOLET :

 

Le guide nous explique comment est fabriqué le BYRRH :  

à partir de mistelles (= moûts de raisins frais additionnés d'alcool) et de vins aromatisés à l'aide de mélanges de plantes. 


Nous pouvons alors toucher et sentir ces PLANTES AROMATIQUES qui rentrent dans la composition du Byrrh : café, cacao, cannelle, écorces d'orange amère, colombo et bien sûr le fameux quinquina.

 

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Le quinquina.

 

Nous déambulons ensuite le long d'un alignement impressionnant de 70 CUVES de CHÊNE pour un stockage de plus de 15 millions de litres.


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En 1926, un CENTRE de COMMANDE qui, même s'il n'est plus utilisé de nos jours, est encore en état de marche, a été installé. Il permettait, grâce à un réseau téléphonique, à un seul homme de suivre toutes les étapes de l'élaboration en concentrant en un seul lieu tout un réseau de pompes.

 

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Et nous pouvons enfin admirer la PLUS GRANDE CUVE en bois de CHÊNE du MONDE : elle peut stocker 1 000 200 litres de vin.

Mise en vin en 1951, il a fallu 15 années pour la construire.

Du fait de la diminution des commandes, elle n'est plus utilisée de nos jours.

Ses dimensions sont impressionnantes :

- 110 tonnes vide, 1 100 pleine

- 12 mètres de diamètre

- 10 mètres de haut

- cerclage en rondins d'acier d'un poids de 17 tonnes.


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Nous longeons ensuite une série de cuves toujours utilisées :

 

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Avant la fin de la visite, nous traversons une petite pièce consacrée à Georges LÉONNEC qui, pendant des années, a dessiné les publicités pour la société BYRRH.


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Les murs de cette pièce sont décorés d'une petite fresque de l'artiste :

 

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La visite s'achève par une animation : le chevalier printemps nous fait traverser le HALL d'EXPÉDITION, actuellement interdit à la visite à cause de normes sanitaires puisqu'il est encore en activité de nos jours.

La marquise de ce hall d'expédition est l'oeuvre de Gustave EIFFEL.

 

 

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La DÉGUSTATION :

La visite se termine par une dégustation de 2 BYRRH et d'une liqueur (et de jus de raisin pour les enfants ) autour du magnifique KIOSQUE de 1891 qui a servi lors de plusieurs expositions universelles, de Paris  à Moscou.

 

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Nous retournons dans le hall d'accueil où nous pourrons acheter quelques bonnes bouteilles :

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Nous rejoignons ensuite le bus qui va nous amener à Ponteilla, tout près de la salle Simone ALI, pour un déjeuner tiré du sac.


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En route pour la salle Simone ALI...

 

Nous y sommes accueuillis par monsieur Louis BATTLE, président de l'association "Nyls - Histoire et Patrimoine", son épouse et la secrétaire de l'association qui ont eu la bonne idée de chauffer la salle et qui nous invitent à un sympathique apéritif.


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Notre président en profite pour les remercier avec un panier garni de sucreries...

 

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Et vient l'heure de passer à table :

 

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Après une tasse de café offerte par nos hôtes et devant l'impossibilité, du fait de la pluie incessante, de le visiter, monsieur Louis BATLLE improvise gentiment une petite conférence sur le Mas Déu.

 

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Il va retracer l'histoire des Templiers en Roussillon et plus particulièrement du Mas Déu en se basant sur les écrits de monsieur Robert VINAS, historien médiéviste ( "Les Templiers en Roussillon" et "Le procès des Templiers" ) et de monsieur Rodrigue TRÉTON, chercheur univrsitaire à Toulouse puis à Perpignan ( "Diplomatari del Mas Déu" en 5 volumes ).


( Le texte ci-dessous est tiré de la correspondance

entre l'Association Nyls-Histoire et Patrimoine

et La Direction Régionale des Affaires Culturelles )


Monsieur BATLLE y raconte comment un templier venu de l'Aude, Huges RIGAU, va passer en Roussillon et y recevoir les premières donations :

- en octobre 1131 : quelques terres et un homme, Arnau de Contrast qui deviendra frère du Temple, à Banyuls dels Aspres.

- en juin 1132 : quelques terres à Villemolaque

- en juillet 1132 : des terres au lieu-dit de "Cira" aux confins des paroisses de Nyls et de Villemolaque en précisant que ces terres sont destinées " à l'édification de la maison de la milice que l'on appellera, à jamais, le Mas de Dieu " soit en catalan Lo Mas Déu.

 

La première mention du Mas Déu apparait  le 24 mai 1136 :  dans son testament Ermengol de So demande à être enseveli au cimetière du Mas Déu...

Cela permet d'affirmer que la commanderie du Mas Déu a été construite entre 1132 et 1136, ce qui en fait le plus ancien établissemnt de l'ordre militaire implanté dans tous les comtés catalans et, également une des plus anciennes fondations de la milice du Temple en Occident...


La présence du cimetière implique la présence de l'église. Cette église , pratiquement intacte, demeure aujourd'hui l'objet principal de la préoccupation de l'association Nyls-Histoire et Patrimoine...


Les vestiges du Mas Déu se distinguent aussi par les évènements qui ont marqué la disparition de l'Ordre des Templiers : les Templiers du Mas Déu sont les seuls dans toue l'Europe à du Moyen-Âge à ne pas avoir été torturés et, après un procès équitable, à avoir tous été acquittés, gratifiés d'une pension à vie et libres de rentrer dans un autre ordre religieux ou de rester auprès des frères Hospitaliers, dans la maison du Mas Déu.


Le Mas Déu est resté sous l'administration des Hospitaliers jusqu'à la vente des biens nationaux après la révolution.


C'est la famille DURAND, de Villemolaque qui a racheté les 30 hectares de terres agricoles et le bois de pins de 7 hectares au centre duquel est édifiée la commanderie Templière.


Au début du XXème siècle, c'est la famille ASTOR de Fourques qui rachète la propriété. 


Pendant l'occupation ( 1942-1944) les troupes allemandes y installèrent leur quartier général et, rappelées précipitamment sur le front de Normandie, elles quittèrent les lieux après avoir fait exploser leur dépôt de munitions et les bâtiments ont été détruits : seule l'église templière dédiée à Sainte Marie a été préservée et demeure pratiquement intacte, ainsi qu'une partie du mir d'enceinte.


En 1965-1970, la propriété a été partagée en 2 lots de 17 Ha + la moitié de la pinède où sont les vestiges templiers.


À ce jour : 2 famille sont propriétaires :

- la famille OLIVER de Villemolaque, qui possède une grande partie du mur d'enceinte et la tour Nord-Ouest.

- la famille GORRAND-BAYLION de Pollestres qui n'exploite plus la propriété et a décidé de la mettre en vente. Elle possède la Tour Nord dite Tour de l'Enfer et l'église.

 

L'association Nyls-Histoire et Patrimoine s'inquiète de la disparition de ces vestiges du domaine public et se bat pour leur savegarde.


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Après cette excellente journée que le temps n'a pas réussi à gâcher, nous reprenons le bus et sommes de retour à Villelongue aux environs de 17 heures.



 



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