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14 mai 2013 2 14 /05 /mai /2013 09:02

 

1ère PARTIE /4


Après 4 mois de recherches intensives, aux archives municipales et départementales, auprès de particuliers et sur le terrain ( certains d'entre-nous ont parcouru une douzaine de kilomètres du ruisseau : du mas Gaffard à la route de Torreilles ),


1 BIS

  Le ruisseau au Mas Gaffard, sur la commune de Bompas


42

durant sa traversée de Villelongue


65 

sa progression vers Torreilles.


Après des heures de travail à recouper toutes les données recueillies et à en faire une synthèse,


les 3 groupes qui ont préparé cette conférence :


➝ Mme Hélène CLOS et M. Marcel DELONCA pour la partie historique

➝ MM. Serge DONÈS, Pierre MOULINÉ  et Pierre VILLANOVE pour les caractéristiques et le fonctionnement du ruisseau et du moulin

➝ MM. André ROSAT  et Marcel ROUILLÉ pour la période contemporaine,


et les membres du Conseil d'Administration ont été très heureux de pouvoir présenter le résultat de leurs investigations devant 85 auditeurs attentifs et intéressés.       


RuisMou-003.jpg


 

RuisMou-002.jpg

 

Les textes ( en jaune ) sont des intervenants, chacun pour sa partie.

Les photographies sont de Pierre MOULINÉ.

Les dessins et croquis sont de Serge DONÈS.


 RuisMou-008.jpg

Marcel DELONCA développe la partie historique.


L'histoire du ruisseau et du moulin, véritable patrimoine de la commune, a commencé au XVIème siècle, même si elle ne s'est vraiment concrétisée que 100 ans plus tard. Elle se déroule jusqu'à la 2ème moitié du XXème siècle où elle s'achève, vers 1960, sous l'effet contraire des éléments naturels et des progrès techniques.

 

 CADASTRE-1810-copie-1.jpg

 

Tracé du ruisseau sur un assemblage de plans cadastraux

tirés du cadastre Napoléonien ( 1810)  

 

CONTEXTE SOCIAL et ÉCONOMIQUE

sous les Rois d'Aragon puis sous l'Ancien Régime français :


1- Données démographiques :

 

elles sont rares [ la population est évaluée en nombre de feux (foc àfogatge) ] et restent assez imprécises.

 

-Un feu = entre 5 et 7 personnes selon les époques.

-  les dénombrements étaient souvent effectués pour raisons fiscales ; imposition globale d’une communauté d’habitants, puis répartition entre les contribuables : le nombre de feux est souvent sous-estimé par les consuls.

❖ 1553 : 17 feux
❖ 1643 : 22 feux
❖ 1725 : 73 feux
❖ 1740 : 81 feux

2- Contexte économique :

 

L'économie agricole est presqu’essentiellement basée sur la

culture céréalière (voir capbreu de 1416) à exemple de 1720.

 

Diapositive04

    On  note également la culture de la garance (la roja en

catalan) plante tinctoriale dont on extrayait la couleur rouge,

utilisée par les teixidors de Perpignan

 

RuisMou-012.jpg

Le public est attentif aux explications de Marcel.

 

 

HISTORIQUE

 

de l'AMÉNAGEMENT du RUISSEAU

 

et de la CONSTRUCTION du MOULIN


: XVIème-XXème siècle.

 

1- POURQUOI AMÉNAGER un RUISSEAU ?


● Faire fonctionner un moulin :

Le moulin est la première industrie villageoise : c'est un aspect important de la vie économique et sociale d'une communauté villageoise de cette époque.

Pour la première fois, une machine est capable de remplacer l'homme, d'alléger la pénibilité de son travail. Le moulin libère le paysan de certaines tâches et lui permet de mieux se consacrer à l'exploitation de ses terres.

Le moulin, bien que privé, était considéré et protégé comme un véritable service public.

 

● Un moulin "banal" :

constitue une source importante de revenus pour le Seigneur et valorise la Seigneurie.

Moulin "banal" : au sens d'obligation. Pratique née dès le Moyen-äge : on parle de "banalités" ( ruisseau, moulin, boulangerie, taverne, gabelle ). Tous les grains récoltés dans le périmètre duu "ban" ( en général la Seigneurie ) doivent être moulus au moulin "banl" du Seigneur sous peine d'amende.

 

● Arrosage des terres :

Terres agricoles du village ( notamment des jardins ) mais aussi des surfaces céréalières ce qui valorise les biens des villageois.

Il semble être la priorité des paysans : on sortait d'une période de grande sècheresse.

 

2- AUTORISATION de prendre l'eau dans la Têt

et CONFIRMATIONS :

 

Selon les usages de " Barcelone" ( 1197 ), et surtout à partir du XIVème siècle, l'eau, les bois et les routes appartiennent au souverain : tout individu ( même un Seigneur ) souhaitant prendre de l'eau dans un cours d'eau doit obtenir l'autorisation du Roi.

 

Par la charte de 1510 Ferdinand II d'Aragon autorise Jean-François d'Oms, Seigneur de Villelongue, à prendre de l'eau dans la Têt.

Cette charte présente 3 aspects avec, par ordre de citation :

➙ l'aménagement d'une taverne et d'une "fleca" ( boulangerie )

➙ la construction d'un moulin

➙ l'arrosage des terres.


Diapositive09

Extrait de la charte de 1510, dans le fonds de la procuration royale de Majorque.

 

 

1529 : confirmation de la charte par le Procureur Royal.

1539 : L'autorisation est donnée par Joan CANTA,

Seigneur de Castell Rosselló de faire une "resclosa" sur

son territoire.

 

 

On ne trouve aucune trace du projet avant 1612. 

On ne peut faire que des suppositions sur le pourquoi :

➙ besoin non partagé par les villageois ? : pas besoin

d'irrigation artificielle : on sortait d'un petit épisode

glaciaire avec de nombreux épisodes pluvieux.

➙ Population trop faible pour assurer la rentabilité du

projet ?

➙ Problème de financement ?

 

3- CONCRÉTISATION du PROJET en 1612 :

 

L'assemblée des chefs de famille de Villelongue se réunit le 29 septembre 1612. Le procès-verbal de Pau ROGER, notaire du Seigneur de Villelongue, mentionne  :

" En raison de la sècheresse qui a régné ces années précédentes dans la terre du Roussillon et tout particulièrement dans ce dit lieu de Villelongue et à cause de la petitesse des graines collectées ..." 

Les habitants sont très motivés par la perspective d'arroser leurs terres pour en obtenir un meilleur rendement. Même s'ils ne font pas état de la construction du moulin, ils acceptent de contribuer  au financement des travaux et voltent le paiement pendant 20 ans d'une redevance annuelle de 68 livres monnaie de Perpignan, pour eux et leurs enfants.

Les fonds (  68 x 20 ans = 1360 livres )sont empruntés à Joan DESCAMPS, noble de Perpignan.


 

          Diapositive11.jpg

  Les moulins à eau en Roussillon ( XIVème siècle )

À noter l'absence des moulins de Torreilles e de Canet pourtant cités respectivement aux Xème et XIIème siècles.

 1- Moulins royaux

2- Moulins relevant d’un établissement religieux

3- Moulins appartenant à un propriétaire laïc (seigneur ou bourgeois)

4- Moulins appartenant à un hôpital

5- Moulins appartenant à une communauté d’habitants

7 à 9 - Moulins relevant de plusieurs propriétaires.


4- le MOULIN :


AFFICHE-SERGE-moulin-2.jpg

Le moulin 

 

Aucune mention du moulin n'a été trouvée sur le territoire de

Villelongue avant le XVIIème siècle.

 

La première mention de bail du moulin, consenti à un

meunier, Pere PONS, date de 1617.


 

BAIL de 1618

 

consenti à Francesc TRAVER : 


En voici quelques clauses :

➙ Conserver le moulin et les outils mis à disposition en

l'état.

➙ Entretenir et remettre en état la "resclosa" : pour cela, le

meunier pouvait prendre du bois mais uniquement s'il

était tombé au sol.

➙ Moudre en priorité pour les habitants du village.

➙ Payer un fermage de 60 charges de blé par an ( 1 charge =

168 kg (?) à la fin du XVème siècle. )

 

Le cahier des charges est très favorable au Seigneur :

le fermier supporte la majorité des dépenses ( notamment la

remise en état du ruisseau )

 

Quelques MEUNIERS

de VILLELONGUE :

 

Certains de ces noms résultent d'actes de notaire, d'autres de registres paroissiaux de Villelongue ( actes de baptême ou de décés).
- 1617 : Pere PONS
- 1618 Francesc TRAVER
- Vers 1631 : Guillem MOLI ( naissance de sa fille )
- Vers 1652 : Guillem LUPRI ( acte de décès )
- Avant 1666  : Joan GUILLAMO
- 1666 : Francesc PALLURA
- Vers 1706 : Jacques DAUNIS ( acte de décès )
- Vers 1706 : François FABRE ( acte de décès )
- Vers 1771 : Adrien LLORET
- 1794 : Étienne ROUSSET
- Vers 1800 : Étienne ARAGO ( Naissance de sa fille )
- 1808 : Joseph PUJOL, Honoré PAULO,
Michel AMOUROUX et Rose POMAIROL, son épouse,
Bonaventure PRATS et Anne GASTOU, son épouse.
- 1824 : Jean-Pierre CAUX. 

Jean-pierre CAUX est à ce jour le dernier meunier de
Villelongue connu : bail de 10 ans passé le 12 avril
1824 avec Pierre GIBERT, alors propriétaire du
moulin. Il était meunier à Tautavel.

Si le bail est arrivé à son terme, le moulin a produit de la
farine jusque vers 1834.
          

Les PROPRIÉTAIRES successifs :

 

Les propriétaires successifs après la Révolution nous sont

connus grâce à l'acte d'achat du ruisseau et du moulin

par la municipalité de Villelongue en 1889.

 

Le prince de MONTBAREY, successeur d'Emmanuel

OMS ( qui avait pris le parti de l'Espagne contre

Louis XIV ) furent saisis en 1653.

Ils furent donnés à des Seigneurs "français "

en récompense de leur fidélité.

 

Le ruisseau, le moulin et leur dépendances ( 3 pièces de terres

ou bois ) sont confisqués à la Révolution puis vendus

comme biens nationaux le 11 avril 1797, au prix de

40 000 francs, à Joseph CASTELLO-THOMAS

de Torreilles.

 

Ils sont ensuite vendus comme biens immobiliers 

- le 2 juin 1808 à Pierre GIBERT puis

- Le 3 avril 1829 à Pierre-Joseph de GAFFARD

 

qui le léguera en 1824 à sa fille, Lucie GAFFARD,

vicomtesse GRASSET du BOUCHAGE. 

 

Après 4 délibérations du Conseil municipal, entre le 19 août

1988 et le 20 février 1889, et l'arrêté du Préfet des PO du

20 mars 1889 autorisant l'acquisition par la commune, la

municipalité le rachète le 28 mars 1889 ( acte chez

Jean-Joseph ROLLAND, notaire à Perpignan )


Le maire était Maurice PALLURE. 


Les objectifs étaient :

- Assainissement du village ( hygiène publique )

- Source de revenus pour le village ( 136 propriétaires

riverains se sont dits intéressés ).

 

Le prix d'achat : 14 000 francs a été financé par un emprunt

de 18 000 francs ( emprunt + frais de notaire et

hypothèque ) consenti à la commune par

M. Raphael JOUÉ, habitant de Villelongue.

 

REMARQUE : 

Les Villelonguets ont racheté un bien qui leur appartenait

autrefois et qu'ils ont donc payé 2 fois.


 



 


 

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