Texte de Marcel ROUILLÉ
Photographies de Pierre MOULINÉ, André ROSAT
et Marcel ROUILLÉ.
JOURNÉE TRÈS INSTRUCTIVE,
ÉMOTIONNELLE ET CONVIVIALE.
C'est dans la bonne humeur générale qu'un groupe de 51 villelonguets prend place dans le bus qui va les amener à Elne pour une escapade d'une journée qui sera très instructive, émotionnelle et conviviale.
ELNE, un peu d'histoire :
Dans l'Antiquité, la ville porte le nom ibère d'Illibéris, qui signifie ville neuve.
À l'époque pré-romaine, Illibéris est une cité prestigieuse qui joue un rôle prépondérant dans la région.
Au XIVème siècle, elle prend le nom de Castrum Helenae, en l'honneur de Sainte Hélène, mère de Constantin le Grand et grand-mère de l'empereur Constant qui sera assassiné dans les murs de la ville en 350.
Au Vème siècle, l'empire romain se désagrège.
En 413, le territoire est sous la domination des Wisigoths.
La cité devient le siège d'un évêché en 568.
Les Arabes occupent le Roussillon en 719 et s'y maintiennent jusqu'en 770.
La ville fut assiégée 4 fois dans son histoire :
❁ En 1285, par Philippe le Hardi.
Les assaillants brûlent la porte de la Cathédrale et massacrent les habitants qui s'y étaient réfugiés.
Devant la porte de la cathédrale.
❁ En 1344, par Pierre d'Aragon.
❁ En 1474, par Louis XI.
❁ En 1641, par Louis XIII.
À partir du XIVème siècle son activité économique décline au profit de Perpignan.
Par le traité des Pyrénées, en 1659, avec le Roussillon, la ville devient française. Louis XIV ordonne la destruction des remparts en 1680.
Notre guide devant la maquette du cloître-cathédrale.
La MATERNITÉ SUISSE d'ELNE.
Pendant que la moitié de notre groupe suit la guide, l'autre regarde un film qui retrace l'histoire de la maternité :
Eugène BARDOU fait édifier, entre 1900 et 1902, le château qui deviendra la maternité suisse en décembre 1939.
C'est en 1927, au décés d'Eugène BARDOU, que la famille MIROUS achète cette propriété qui va rester inoccupée pendant 12 ans. En 1939, ils louent les bâtiments à Élisabeth EIDENBENZ
et à son organisation : le Secours Suisse aux Enfants.
Le château est restauré et devient "la maternité".
Dans la verrière, en haut du château.
Un groupe très attentif.
La GUERRE CIVILE ESPAGNOLE
et la RETIRADA.
Avec ses centaines de milliers de morts et d'exilés, la guerre d'Espagne fut particulièrement violente et traumatisante. Ce fut l'horreur d'une guerre fratricide.
L'aide humanitaire s'organise en Espagne, avec des collectes de produits alimentaires et de fonds auxqelles la CGT participe activement.
Élisabeth EIDENBENZ fait partie de ces volontaires bénévoles qui, à Madrid, s'occupent des jeunes enfants et des futures mamans. Institutrice en Suisse, elle a profité de ses vacances pour s'investir.
Le premier exode civil débute dès 1937 mais c'est au cours du mois de janvier 1939 qu'il s'intensifie, avec la chute de Barcelone, le 26 de ce mois.
Malheureusement, ce fut l'hiver le plus froid du siècle.
500 000 réfugiés passent la frontière en plusieurs points des Albères. ( Le département compte alors 240 000 habitants...)
Ils sont répartis dans des camps sur les plages d'Argelès, de Saint Cyprien, de Canet, du Barcarès et au camps de Rivesaltes.
200 000 se retrouvent bloqués dans le camps d'Argelès, dans des conditions précaires.
Abris de fortune, pas d'hygiène, 1 couverture par famille qui sert de protection contre la pluie, peu de nourriture et 1 citerne d'eau par jour pour 200 000 personnes.
On se lave et on cuisine à l'eau de mer. Il n'y a pas de savon.
Les épidémies se généralisent, la mortalité est importante.
Les femmes enceintes accouchent à même la plage et leurs bébés, sans vêtements chauds, sont enterrés dans le sable, la tête à l'air, pour qu'ils ne meurent pas de froid. Malheureusemnt, au bout de 15 jours de ce traitement, de nombreux bébés décèdent, brûlés par le sel contenu dans le sable.
En Espagne, Élisabeth a vent de ce calvaire des réfugiés et décide de venir en Roussillon pour s'occuper des femmes enceintes.
Élisabeth EIDENBENZ, institutrice originaire de Suisse, ne reprendra jamais son travail. Elle a voué sa vie entière à l'engagement humanitaire. Cette jeune femme d'une vingtaine d'année bouleverse sa vie en créant la Maternité Suisse d'Elne.
Elle met en place toute l'organisation permettant aux futures mamans d'accoucher dans de bonnes conditions.
Elle prend des risques en bravant parfois les interdits, comme avec les familles juives.
Les enfants sont bien soignés et bien nourris.
À titre d'exemple :
❁ 1 enfant né au camps pesait 4kg500 à ... 11 mois.
❁ 1 enfant né à la maternité suisse pesait 4kg500 à... 11 jours.
Les mamans peuvent enfin se laver ( avec du savon et de l'eau douce et chaude ).
La famille MIROUS offre, à chaque naissance, une corbeille à légumes qui sert de berceau.
La vie s'organise entre repos, promenades, toilettes, jeux, sieste :
La maternité a vu naître, de 1939 à 1944,
597 enfants de 24 nationalités.
Salle d'accouchement.
La maternité suisse ferme en 1944 sur réquisition de la Gestapo qui donne 3 jours à Élisabeth pour l'évacuer.
Les propriétaires successifs du Château BARDOU :
❁ De 1900 à 1928 : Eugène BARDOU.
❁ De 1928 à 1997 : famille MIROUS.
❁ De 1997 à 2005 : François CHARPENTIER.
❁ En 2005, la MUNICIPALITÉ d'ELNE dont le maire, Nicolas GARCIA, est petit-fils de républicains espagnols, achète le château et l'aménage.
Élisabeth rentre en Suisse en 1945. Son contrat n'est pas renouvelé : elle paye ainsi sa désobéïssance ( en particulier pour avoir accueilli de Juifs ) aux consignes de la Croix Rouge.
En Catalogne Sud, beaucoup d'enfants se prénomment "Elna", en hommage à la maternité.
En 2013, le château est classé monument historique en raison de son Histoire et non du bâti.
L'Histoire reconnaîtra l'action humanitaire d'Élisabeth EIDENBENZ :
❁ De 2001 à 2007, elle reçoit 9 Ordres et médailles.
❁ En mars 2002, elle est accueillie à Elne et on fête son titre de " Juste parmi les Nations".
❁ Elle obtient la Légion d'Honneur le 15 mai 2007 à Vienne.
Élisabeth décède à Zurich en 2011.
Le groupe de 51 Villelonguets a été ravi, surpris et ému par cette histoire que notre guide, Alexia, a su nous faire vivre avec passion, nous arrachant parfois quelques larmes.
Après la photo-souvenir :
Il est 12h30. Toutes ces émotions nous ont ouvert l'appétit. Il est temps de retrouver le bus
qui va nous amener au restaurant "La Campagne" où nous attend un succulent repas.
Daniel, notre chauffeur.
Place maintenant, dès 15 heures, à la visite du cloître et de la cathédrale.
La CATHÉDRALE.
La cathédrale fut consacrée en 1069 ( cathédrale romane ).
La ville d'Elne date du Vème siècle avant Jésus-Christ.
Le choeur comportait une crypte comblée en 1724, lors de la mise en place du baldaquin avec ses lourdes colonnes de marbre de Caunes-Minervois.
2 tours puissantes devaient encadrer l'ensemble. Malheureusement, seul le clôcher Sud sera construit, le clôcher Nord, en briques, étant entrepris beaucoup plus tard.
Les reliques de Sainte Eulalie et Sainte Juile ont été prises par les évêques pour être amenées à Perpignan, ainsi que tout le mobilier.
Eulalie et Julie étaient des petites filles de Lérida, martyrisées et flagellées par les romains. Elles sont devenues les Saintes Patronnes de la cathédrale.
L'évêché a été créé par les Wisigoths.
Les chapelles gothiques, sur les côtés, ont été construites au XIIIème siècle, avec des ouvertures qui autorisent un peu plus de clarté. En fait, la cathédrale est très sombre.
La chapelle Saint Michel avec la Vierge des 7 douleurs.
Dans la chapelle Saint Michel.
La Croix des outrages.
Le groupe est très attentif aux explications de Thérèse, notre guide :
Le CLOÎTRE
( XIIème-XIVème siècles )
Composé de 4 galeries couvertes avec une cour intérieure, c'est un des rares cloîtres roussillonnais conservé quasi-intact.
Commencée à l'apogée de l'art roman, sa construction va se poursuivre tout au long de la période gothique.
L'architecture romane est très lourde, alors que les voûtes gothiques de la galerie sont très fines.
Voûtes gothiques.
Les arcades du XIIème siècle sont plus grossières.
Les colonnes décorées de fleurs de lotus et de feuilles d'acanthe datent de la deuxième moitié du XIIIème siècle.
Le cloître rassemble une grande diversité de sculptures :
Bâti en marbre blanc veiné de bleu de Céret, le cloître forme un quadrilatère irrégulier, adossé au côté Nord de la cathédrale.
Au dessus du cloître.
Tous les visiteurs villelonguets ont apprécié cette visite et la qualité architecturale de l'ensemble cathédral d'Elne :
Le bus et son chauffeur Daniel nous ramènent sans problème à Villelongue vers 18 heures.
De l'avis général, cette journée a été une réussite et chacun y va de son commentaire positif.
Le président donne rendez-vous :
mardi 26 novembre à 18h30
salle Trenet, 1er étage, espace Joffre
pour une conférence animée
par l'excellent conférencier
Joan VILLANOVE
sur
Le TRAITÉ des PYRÉNÉES.
Chacun d’entre nous a entendu parler du traité des Pyrénées. Il est signé le 7 novembre 1659 par deux souverains : le roi de France et le roi d’Espagne. Ce jour-là, la province du Roussillon est annexée par le royaume de France.
Quels sont les événements qui ont conduit à ce dénouement ?
Dénouement que certains espéraient alors que d’autres le redoutaient.
Nous savons que pendant des siècles, la destinée du Roussillon était étroitement liée à celle de la Catalogne entraînée par Barcelone, sa grande et prospère capitale.
Dès lors, comment les Roussillonnais vont-ils vivre ce changement ?
Que ce soit pour l’économie, les arts et la vie sociale, les Roussillonnais vont devoir inventer une nouvelle façon de vivre.
Que va-t-il se passer ?
D’un autre côté, il serait intéressant de savoir comment les « Catalans du Sud » vont supporter cet événement qu’ils contestaient avec fermeté.
Voilà les principaux thèmes que Jean Villanove va évoquer ce 26 novembre. Ceux qui connaissent ses talents, savent déjà que c’est une excellente soirée qui s’annonce.
A très bientôt.
Nous vous y attendons nombreux.